Le deuxième semestre de l'année 1792 est celui où l'on
se méfie de tout et de tous. Les armes sont recensées; à Nargis on
dénombre 79 fusils, 3 sabres et onze pistolets. Combien ont dû être
cachées ?
Guéneau curé, figure emblématique du village déménage le 26 octobre 1792
assisté de .... deux gardes du corps armés de Toury, et part pour Auxy. Il
est remplacé quelques semaines plus tard par le citoyen Jacquinet, prêtre
constitutionnel.
François Guéneau était originaire de la ville de Semur-en-Auxois en Côte
d'Or. Il appartient à la famille de Guéneau de Montbéliard, collaborateur
du fabuleux naturaliste Buffon.
D'abord curé de Fontenay, il traverse le Loing et le canal pour
s'installer dans la nouvelle résidence où il est nommé . Arrivé dans la
paroisse de Nargis le 20 décembre 1788, il y passera quatre années au
cours desquelles des spectaculaires changements vont intervenir.
Le Docteur Denizet dans les "Annales du Gâtinais" le décrit comme un homme
de caractère, droit, ami de l'ordre et de la paix, estimé de ses
paroissiens à cause des conciliantes dispositions d'esprit dont il donnait
tous les jours des preuves dans l'exercice de son ministère.
Suivant l'exemple d'un assez grand nombre de ses confrères du clergé des
campagnes, il avait, dans une certaine mesure, accepté les idées
nouvelles. C'est ainsi qu'il avait consenti à prêter le local de l'église
à la municipalité, pour y tenir, le bureau siègeant au banc d'oeuvre, les
assemblées générales de la commune; les dimanches et jours de fêtes, il
publiait au prône de la messe paroissiale les arrêtés pris par le maire et
les officiers municipaux.
Ainsi, le 7 mars 1790, en présence de la municipalité réunie au complet,
des notables et d'un grand nombre de citoyens, il avait, à l'issue des
vêpres, prêté serment en face des autels.
Cet acte est d'ailleurs consigné dans les registres municipaux:
" L'an mil sept cent quatre-vingt dix, le sept de mars, en conséquence
de l'arrêté pris par Messieurs les maire et officiers municipaux de cette
paroisse le vingt six février, dont lecture a été faite aux prônes le
vingt huit du même mois, publiée et affiché le même jour et encor de
nouveau publiée aujourd'huy et annoncé au son de la cloche, messieurs les
officiers municipaux, procureur de la commune et notables, se sont rendus
à l'heure de deux en l'église Saint-Germain de Nargis, assistés du plus
grand nombre de citoyens;
Etant à la ditte église à l'issu des vespres, Monsieur le curé a prêté
le serment d'être fidèl à la nation, à la loy et au Roy, de maintenir de
tout son pouvoir la constitution décrétée par l'Assemblée National , et
acceptée par le Roy, avec autant de feu et de courage qu'il a prononcé un
petit discours relatif à la circonstance;
Ensuite Monsieur le Maire a prêté le même serment, puis le procureur de
la commune; Messieurs les officiers municipaux et notables ont aussi
prêtés le serment en la même forme et de la même manière que Messieurs les
curé et maire, après quoy il a été procédé à l'appel nominal de tous les
citoyens de cette paroisse, à l'effet de prêter également par eux et
individuellement le serment ci dessus et sont comparus, excepté Messieurs
Lefebvre (1) de Pithurin et Portelance qui
ont envoyés leurs serments par écrit en datte du quatre mars 1790 et ont
signés".
Suivent vingt noms de paroissiens qui "ont manqués à l'apel et n'ont voulu
s'y trouver". La sentence est immédiate.
"En conséquence, les officiers municipaux ont arrêtés que ceux des
habitans sus dits qui ont refusés de se trouver à la prestation de serment
seroient rayés pour toujours du nombre des citoyens actifs et exclus de
toutes assemblées, ce qui a été accepté d'une voix unanime par les
habitans, et arrêté les jours et ans que dessus.
Tous les autres habitans ont chacun promis et juré.
Ces opérations ainsi faites, tous les citoyens sus-nommés ont assistés au
Te Deum qui a été chanté par Monsieur le curé en la ditte église en action
de grâce de la constitution qui régénère la France et assure le bonheur
commun.
Dont acte; fait et passé à la ditte église les jours mois et an que
dessus, et ont ceux des habitans qui n'ont signés déclarés ne le scavoir,
de ce interpellés".
Suivent alors les signatures de Oudin, maire, Guéneau curé, Monnay,
Savary, Huguenin recteur des écoles, Nigon, Mathurin Crespin, Joseph
Bourget, Anselme Miguet, Yves Galleau, François Oudin, Nicolas Gérard,
Houy.
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