L'année 1790 est véritablement celle où des décisions
administratives sont prises; le maire est élu; on se prononce sur la
formation des départements; on nomme une "milice nationale".
Cette même année le dimanche 2 mai, toujours à l'église, convoquée au son
de la cloche, l'assemblée établit des " gardes messiers ", ancêtres
des garde-champêtres.
Cette nécessité a pour but de " veiller à la conservation de la récolte
que la providance nous a fait naître, cette présente année, en offrant nos
prières au Ciel qu'il nous la conserve ".
Deux citoyens actifs, Mathurin Marjollet et Pierre Tinsonnière, acceptent
la charge.
Ils doivent veiller, sur tous les terrains ensemencés en toute espèce de
grains, sur les prés, vignes, arbres à fruits. Les souvenirs de la période
de disette sont encore très présents. Leur surveillance se porte également
sur les " bestiaux qui ne doivent paître dans les champs que vingt
quatre heures après les grains enlevés, non plus que dans les prairies
avant l'enlèvement des foins"
.
Leur tâche s'effectue du jour de leur nomination jusqu'à la fin de la
quinzaine suivant les vendanges. Ils perçoivent un sou par chaque arpent
ensemencé, trois sous par arpent de pré, et six sous par arpent de vigne.
Leur fonction les autorise à dresser contravention .
Si les années 1790 et 1791 ne voient pas l'ordre public trop troublé du
moins à Nargis, 1792 va être celle de conflits de tous genres. Nos
nouvelles autorités élues vont être opposées à des autorités supérieures.
En ce début d'année, les administrateurs qui composent le Directoire du
District de Montargis adressent une vive remontrance au maire de Nargis(1).
Datée du 13 janvier 1792 , signée de Mésange, Hurau, Appert et Magnez,
elle parvient à Nargis à Anselme Miguet. Le ton est sec, assuré et semble
faire suite à une dénonciation.
Elle concerne les " citoyens " de Courcenay, ex-nobles,
propriétaires du château de Cornou .
"Messieurs,
On nous assure que vous vous êtes oubliés au point d'aller faire une
perquisition accompagnés de beaucoup d'autres citoyens dans l'habitation
de Mr et de Mme de Courcenay à Cornou la veille de leur départ qui à eut
lieu au commencement de ce mois ; Nous avons peine à nous persuader que l'oubly
de vos devoirs ait été porté jusqu'au point de violer l'azile sacré d'un
citoyen ; Nous vous prions de nous faire connaître sous huit jours , quels
ont été les motifs de cette visite et quel en a été le résultat afin de
nous mettre à même d'instruire de cette affaire en connoissance de cause,
le Directoire du Département ".
Deux lettres sont adressées par le Maire de Nargis le 19 janvier suivant.
S'il se dit outré par cette lâche dénonciation, il semble bien à la
lecture de la deuxième lettre, qu'une visite ... a eu lieu .
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