Claude Thiballier, dit d'Angluze, établit sa demeure à Nemours et aux environs, achète de belles terres. Il s'emploie à de nouvelles acquisitions. Le 30 décembre 1595, en présence des commissaires nommés par le pape, il est procédé à l'aliénation de nouveaux biens appartenant à l'abbaye de Ferrières (1).

L'abbé était redevable d'une grosse somme d'argent et de plusieurs arrérages et pour obvier à tous les frais et poursuites le dit abbé et ses ayants-cause "ont cédé et alliéné aud. sieur Claude Thiballier les dites terres fiefs et seigneuries du grand et petit Burcy avec toutes leurs dépendances pour les hoirs et ayants-cause, au moyen de quoi le dit sieur Thiballier se dit pleinement satisfait de tout ce qui pouvait luy être dû, ainsy qu'en tout convenu les dites parties comme il est spécifié par le dit contrat d'aliénation qui est signé Méticy greffier au fait de la dite aliénation".

Le 4 octobre 1596, par contrat d'échange, il reçoit de Jean de la Taille (2) écuyer seigneur de Bondaroy, les fiefs, terres, et seigneuries appelés les Garennes, sis en la paroisse de Burcy et héritage en dépendant en contre échange de 116 écus 2/3 écus sols de rente à prendre sur plus grande somme due par Jean de Picot écuyer, seigneur de Chatenoy.

Dom Morin dit que "la paroisse & seigneurie de Brécy ou Burcy proche Piseaux, est un petit village sur le hault d'une petite montaigne, où est haute, basse & moyenne iustice, coustumes, champars & dismes, aliénées autresfois de l'Abbaye de Ferrières, à Claude Thiballier, sieur d'Angluze & appartient à présent aux sieurs de Brécy & Toury, ses enfants". Toury, fief et seigneurie, acheté à Henry de la Châtre était déjà dans le patrimoine des Thiballier.

Claude fut député du tiers-état du bailliage de Nemours, aux Etats-Généraux de Blois, en 1588, et à cette occasion, le bailliage fut imposé de 800 livres pour rembourser les dépenses de son député (3).

Lors de la fondation d'un collège dans la ville de Nemours (4), il abandonne à cet établissement une rente de 40 livres, pour y enseigner le latin gratuitement à trois enfants désignés par le donateur ou ses héritiers.

Claude eut quatre épouses: Marie du Drac, Magdelaine Dumain, Marie Carré et Marie Honoré qu'il épouse le 14 juillet 1598. Cette dernière est celle qui a laissé des écrits et libéralités au profit de ses enfants propres Marie et Louise.
De ces mariages, vont naître dans le cadre légitime du mariage, Samuel, François, Jules (5), Louise et Marie.

Il semble bien en effet qu'une fille, Françoise, soit née hors de cette légitimité. Le nom même de Françoise d'Angluze, n'assure pas qu'elle soit fille légitime de Claude Thiballier (6). Fort jeune en 1614, elle accouche à Montargis le 2 janvier, d'une fille prénommée Louise. C'était là très indéniablement l'œuvre d'un écossais, François Scot, seigneur de Savigny, qui était l'époux de Claude de Borthwick, héritière de Platteville à Villemandeur. François de Savigny est d'ailleurs déclaré père de l'enfant (7).

Les familles Borthwick et Thiballier étaient issues du protestantisme et à ce titre, entretenaient des relations (lien que l'on retrouve plus tard avec les Vaulfin) qui allaient, nous le voyons, au-delà des strictes relations cultuelles.

Les marraines, du fait de l'estime portée à la famille, étaient Isabelle de Gauville de la famille seigneuriale de Saint-Maurice-sur-Fessard, et Louise de Mauléon, de la famille seigneuriale de Saint-Vincent de cette même paroisse. Ce baptême, retracé dans les registres paroissiaux catholiques, semble avoir été selon Monsieur Gache, une exigence des marraines, minimisant ainsi le fond huguenot des Thiballier et des Borthwick de se manifester comme cela aurait été le cas pour un enfant légitime. Mais revenons maintenant aux enfants légitimes.


(1) Archives départementales du Loiret - Collection Estournet - Référence 3 J 5.
(2) Poète français ( 1540-1608 ). Après avoir étudié le droit à Orléans, il se consacra aux lettres. Il était protestant convaincu. Il publia "Remontrance par le Roy à tous ses subjects qui ont pris les armes" (1563),  "la Géomancie" (1574) "Histoire des singeries de la Ligue" (1595), "Discours notable des duels" (1607),"Saül", une tragédie (1572) etc ...( Références Encyclopédie Larousse XXème siècle - édition 1931 ).
(3) Archives départementales de Seine-et-Marne . A 1381 .
(4) Ce collège fut installé tout d'abord dans la maison de Thiballier, rue des Rands-Courtils. Transféré en 1750, rue des Religieuses, puis rue des Buttes, il a existé jusqu'en 1853 soit pendant 245 ans.
(5) Claude Thiballier avait épousé en troisièmes noces Marie Carré, veuve de Claude Tambonneau, seigneur de Vauregnard près de Dordives. De ce mariage est issu Jules Thiballier. Ce dernier sera chapelain au château de Nemours.
(6) Monsieur Paul Gache, dans une lettre qu'il m'a adressée le 16/12/1992.
(7) Registre paroissial de Montargis. Acte du 2 janvier 1614. Dans cet acte Françoise d'Angluze est dite bâtarde.