La plus ancienne représentation de saint Pipe
actuellement connue se trouve à l'extérieur de l'église de Beaune sur la
porte qui mène à la crypte.
Cette porte est de style Renaissance. Au milieu du fronton on voit encore,
très dégradé, le buste de saint Pipe reconnaissable à sa dalmatique de
diacre (1).
Les témoins de 1554 affirment qu'il y avait dans l'église de Beaune une
statue du saint en diacre et dans celle de Barville une statue en berger
"avec des sabots aux pieds". Ces statues n'existent plus mais, au musée de
Pithiviers, une statue de diacre, en bois, du XVIIe siècle, provenant de
Barville(2) paraît être une représentation de
saint Pipe.
Pour être complet, je mentionne une note manuscrite de l'abbé Normand,
ancien curé d'Amponville-Jacqueville au diocèse de Meaux, qui m'est
parvenue et est ainsi rédigée: "M. l'abbé Th. Cochard m'apprend dans
une lettre que j'ai reçue de lui le 31 octobre 1879 qu'un prêtre de Paris
possède un lavabo en faïence où se trouve l'effigie et le nom de saint
Pipe".
A Beaune, il reste encore comme images du saint le buste reliquaire en
bois qui fut restauré par les soins de l'abbé Boubault, et l'une des
statuettes en bois doré de la châsse qui, parmi d'autres statuettes du
même genre, notamment celle de saint Maturin, représente saint Pipe en
diacre avec une houlette.
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Le nom de Pipe, qui n'était guère facile à
porter, n'est pas très fréquent dans les anciens registres . Il n'est pas
exceptionnel non plus. C'était un prénom masculin mais j'ai trouvé l'acte
de baptême d'une fille baptisée Pipe le 14 juillet 1660
(3). On trouve le prénom soit sous sa forme
simple, soit sous une forme composée: "ce quatre octobre de l'an 1732 a
été inhumé le corps de Messire François Pipe Jolly très digne prêtre".
En 1737, le 19 juin, est baptisé un enfant sous le nom de François Pipe
Ménagé. Son parrain s'appelle Pipe aussi . J'ai encore noté Pipe Alphone
(bapt. 5 août 1749), Jacques Pipe (bapt. 1er octobre 1756), Pipe André
(bapt.4 février 1758), Pipe Martin ((bapt. 1er octobre 1765), Pipe
Mathurin (2 décembre 1765), Sébastien Pipe ( mariage 10 février 1766),
Claude Pipe (inhumation 28 mars 1767), Jean Pipe (bapt. 2 août 1767),
Etienne Pipe (bapt. 18 octobre 1771), Pipe Zacharie (bapt.25 avril 1776),
Pipe Luc (bapt. 2 octobre 1782)...
A la confirmation de 1713, sur un total de 523 confirmés dont 269 mâles
(sic) et 254 femmes et filles, en majorité des jeunes de moins de vingt
ans plus une femme de soixante ans, on relève 5 Pipe âgés de 4 à 14 ans et
6 Mathurin âgés de 8 à 23 ans.
Le nom de Mathurin se trouve assez fréquemment. En juillet 1754, il fut
donné à trois baptêmes successifs. Le 5 juillet 1768, fut baptisée une
fille sous le nom de Françoise Mathurine. Dans les registres de Barville,
le nom de Pipe se troue aussi de temps à autre.
Une cloche de l'église de Beaune, baptisée en 1865, porte le nom de Pipe.
Il a peut-être existé une autre forme de nom: Pipion que l'on trouve dans
quelques textes imprimés. Je ne l'ai pas rencontrée dans les anciens
registres. Elle doit être considérée comme rarissime
(4).
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(1) Le Congrès archéologique
d'Orléans, 1929, page 386, ne parle que du buste d'un "personnage" , sans
donner d'autre précision.
(2) Indication donnée par l'abbé Moufflet,
ancien conservateur du musée de Pithiviers.
(3) Note personnelle ne figurant pas dans
le livre de Marc Verdier. Il me semble que le fait que Pipe prénom
masculin soit attribué à une fille n'ait pour origine que la distraction
ou la fatigue du scribe. En effet, 1e même jour 14 juillet 1660, sont
baptisés 3 enfants: le premier Pipe Foucher, fils de Nicolas et de Marie
Chesnoy, le second Pipe Bault, fils de Cirus Bault, menuisier de son état
à Beaune et de Anne Coupé sa femme, et la troisème, Charlotte Bault "fille
gemelle" du précédent. Michel Fauvin.
(4) Deux des témoins de 1554 rapportent que
les habitants de Boiscommun disaient, entre autres propos: "Ceulx de
beaulne ne scavent comment le nommer lung escript pipio l'autre pipione"
(déposition Jacques Pellegrin) et "les ungs escript saincte pipio les
aultres sancte pipione les aultres sainct pipionissyme" (déposition
Symon Guillon). Faut-il déduire de ces textes obscurs qu'il y eut
réellement plusieurs formes du même nom? Je n'ai rien trouvé d'autre à ce
sujet dans les documents manuscrits que j'ai étudiés. |