Quatrième enfant de Louis de Gannes et de Marguerite
Leneuf, Louis Joseph de Gannes de Falaise naît le 29 mars 1704 à
Port-Royal. Il ne suit pas la même voie militaire que ses frères. il entre
en religion. Il fut religieux de lordre des Récollets. Il prit alors le
nom de Bernardin, à lexemple sans doute de son oncle le révérend père
Bernardin Leneuf qui était aussi Récollet. Tonsuré le 16 mars 1726, il
reçut lonction sacerdotale le 24 septembre 1729 des mains de Monseigneur
Dosquet à Québec. Dans son acte dordination, il est dit « Acadiensis ».
Monseigneur Têtu dans son Histoire du Chapitre de Québec note quil fut le
premier prêtre acadien.
Le révérent-père Bernardin, après avoir exercé successivement le ministère
aux Trois-Rivières et à Soulanges, fut plusieurs années gardien du Couvent
de Québec. En 1754, il était supérieur et curé des Trois-Rivières. Nous
savons aussi par un acte de Panet quà la date du 18 juin 1761, il était
supérieur des Récollets de Montréal. On veut quil ait été supérieur des
Récollets à Montréal jusqu'à sa mort, mais rien nest moins sûr, car la
plupart des biographes ne se sont trompés que dun quart de siècle en
établissant la date même de son décès. Monsieur labbé Allaire dans son
Dictionnaire du Clergé nous apprend en effet que le révérent-père
Bernardin est mort à Montréal le 8 août 1800, et le révérent-père Odoric
confirme Allaire. Et cest là une erreur que Pierre-Georges Roy dans son
Bulletin des recherches historiques de 1925 va prouver.
Dans une lettre datée du 8 août 1800, écrite de lhôtel-Dieu de Québec à
sa sur Madame de Lavaltrie, le chevalier Josué de Lacorne écrit : «Le
pieux, le digne frère Bernardin est mort ce matin, à 6 heures 10, dans sa
80ème année ; il avait été père-maître et même supérieur des Récollets de
Québec ; cétait un modèle de vertus... »
Il semblait alors que le révérent-père Bernardin était mort non pas à
lhôtel-Dieu de Montréal comme on lavait cru, mais à lhôtel-Dieu de
Québec, car le chevalier de Lacorne écrivait alors de cet endroit où il
était malade et touchant à sa fin. Pour le reste, il semblait bien quil
sagissait du révérent-père Bernardin de Gannes, qui avait été en effet
supérieur de Québec et qui, bien que père, pouvait à la rigueur être
désigné comme frère en sa qualité de Frère mineur. Mais comment pouvait-on
ne lui donner que 80 ans alors que né en 1704 il devait en avoir 96 ? La
différence était un peu trop forte pour ne pas la remarquer. Il y avait de
plus ce fait assez singulier quà cette date du 8 août 1800, dans le
nécrologe de la crypte de Québec il nest fait aucune mention du décès du
Père Bernardin de Gannes, tandis quen cette même année 1800, on y
mentionne le décès dautres religieux, comme le révérent-père Casot,
jésuite, et le révérent-père de Berey, récollet.
Pour avoir lexplication du mystère, il ny avait quà lire un peu plus
avant dans la lettre du même chevalier de Lacorne qui continue : « Monsieur Robert, prêtre, sest, dit-on, endetté pour soutenir son oncle,
à qui il avait tant dobligation. Il la bien payé de reconnaissance, on
est dans ladmiration. Il est procureur au séminaire de Québec ».
Ce nom de Robert tombé de la plume du chevalier de Lacorne, illumine toute
la question. Il y a eu en effet à Québec, parmi les Récollets, un frère du
nom de Bernardin Robert, et cest ce frère Bernardin qui est mort à
lhôtel-Dieu de Québec, le 8 août 1800 , non pas le révérent-père
Bernardin de Gannes.
Mais sil nest pas mort en 1800, quand est-il mort ? Il semble que la
liste Noiseux a eu raison en le faisant mourir le 20 décembre 1775.
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