Une autre personne issue du milieu pauvre de Nargis, en
cet été 1792, va entrer dans l'histoire locale. Deux siècles plus tard,
lors du bi-centenaire de la révolution on la commémorera, donnant son nom
à une rue du bourg. Cette nargissienne s'appelle Anne Quatsault.
Elle naît à Nargis le 27 septembre 1775. Son père, Antoine, est
manouvrier. Sa mère est Anne Marsan. Midou, le curé la baptise; ses
parrain et marraine sont Jean Gaurier et Saulange Bérault.
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Elle est la plus jeune des cinq enfants. Un mois plus
tard, le 16 octobre 1775, son père décède, suivi dans la tombe, trois ans
plus tard par sa femme Anne.
Le frère aîné n'a que treize ans et voilà ces cinq orphelins en 1779,
dispersés. Anne fut placée chez des pauvres gens de Châlette. Grandissant,
elle est occupée à des tâches de gardiennage, d'abord de dindons, puis,
lorsqu'elle devient plus âgée , elle mène paître les vaches.
En 1791, alors qu'elle n'a que quinze ans, comme à son habitude, elle mène
paître un troupeau de vaches appartenant à plusieurs propriétaires. En
bordure de forêt, près d'une coupe récemment exploitée, elle veille
consciencieusement avec son chien le bétail, lorsque quelques vaches sont
attaquées par des guêpes.
Effrayées elles s'enfuient dans la coupe voisine brisant quelques jeunes
pousses d'arbres. Anne, aidée de son chien, arrive, tant bien que mal, à
regrouper une partie du troupeau, laissant quelques fugitives divaguer.
Un garde-forestier arrive sur ces entrefaites, la réprimande, ne voulant
entendre aucune de ses explications. Il la maltraite quelque peu, l'accuse
de négligence et la menace même, de la faire pendre. Prenant peur, elle
repart avec les vaches qu'elle a pu réunir, les met sur le chemin de la
ferme à Châlette, où elles rentrent par habitude, et, accompagnée de son
chien s'enfuit. Elle court à travers champs jusqu'au grand chemin de Lyon
à Paris, qu'elle suit.
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