Le 30 prairial de l'an IV, Etienne Hubert, ancien maître d'école en 1790, devenu maire le 15 nivôse précédent, reçoit Jean Lamy, homme de confiance demeurant à Pithurin et Firmin Masson, manouvrier aux Paysans.

Ils lui déclarent que le "citoyen" Lefebvre de Pithurin âgé de soixante?huit ans et sept mois est décédé à neuf heures du matin.

Etienne Hubert se rend au "hameau de Pithurin", constate le décès du citoyen défunt (1). Assistent au constat, Alexandre Charles Lefebvre, fils du défunt, Jean, Germain et Etienne Lamy, Gabriel Beauvais, Jean Demars, François Moret et Pierre Tessonnier.

La propriété de Pithurin reste dans la famille; Alexandre Charles Lefebvre, et son épouse Marie Madeleine De Santeul sont désignés en 1798, "cultivateurs et propriétaires ". Deux enfants naissent à Nargis Alexandre Gustave Nicolas né le 7 thermidor de l'an V, et Charles Augustin Ernest né le 22 pluviôse de l'an VII.

La dernière trace trouvée dans la région de cette famille est une annonce volontaire parue dans le journal "Le Loing" le 30 juin 1843.

"M. LEFEBVRE ( Alexandre-Gustave-Nicolas ), notaire honoraire, directeur du Journal des Notaires, demeurant à Paris, quai Malaquais, 21, né à Nargis, département du Loiret, le 7 thermidor an V, est dans l'intention de se pourvoir pardevant M. le Garde des Sceaux, à l'effet d'obtenir l'autorisation d'ajouter à son nom celui de De Santeul, qui est le nom patronymique de sa mère, et de s'appeler à l'avenir LEFEBVRE DE SANTEUL ".


Le château de Pithurin présente une caractéristique unique par rapport aux autres châteaux de la commune. Les allées du bois convergent toutes vers un point du mur entourant la propriété. A cet endroit de convergence le mur est percé, et, à l'aplomb de cette ouverture se trouve ce l'on appelle la fosse ou le saut aux loups. Ce trou important était utilisé dans une forme ancienne de chasse qui n'est pas sans rappeler celle utilisée à Solutré.

Les chasseurs traquaient et encerclaient le gibier qui ne devait son salut que dans la fuite vers le château, et plus particulièrement vers cette fosse où il tombait. C'était une forme de chasse antique qui avait fait ses preuves. Ces explications m'ont été rapportées par Monsieur Thoizon, l'actuel propriétaire.

 

 

Le logis seigneurial du château de Pithurin en 1992

 

Voici donc rapportés dans ce troisième livret quelques faits et gestes de ces nobles et bourgeois qui vécurent, bien souvent d'une façon épisodique à Nargis. Les revenus de leurs terres gâtinaises étaient souvent insuffisants et leur vie aisée était due à des activités militaires ou de robe plus lucratives. Quelques baux, quelques procès parfois même des saisies ont permis de mieux les approcher. Au travers de malheurs ou de moments de bonheur leurs familles nous furent dévoilées. Il semble qu'ils aient vécu avec les Nargissiens en bonne intelligence en restant ferme toutefois sur la conservation de leurs biens.


Le calme semblait régner et pourtant arrivait " le temps des désordres"...

 



(1) Le vent révolutionnaire venait de souffler sur Nargis. La liste honorifique de titres était devenue obsolète; Alexandre Gabriel Lefebvre, ex-seigneur, était devenu citoyen comme tout le monde. Le château était devenu le hameau de Pithurin