CORNOU


Dom Morin, dans son histoire du Gâtinais, cite, outre celle d'Angluze, deux seigneuries sises à Nargy, Cornou et Toury." Celle de Cornou, qui est un chasteau flanqyé de cinq tours, où il y a iustice, relevant de l'Abbaye de Ferrières qu'un Gentilhomme qui avoit esté en voyage de la Terre saincte, avec le Roy Sainct Louys, fit bastir avec deux chapelles dédiées à Sainct Mathurin..."

Edmond Michel (1) fait la description du château de Cornou en y joignant un plan." Le château de Cornou, (était) autrefois (une) habitation de plaisance d'où partaient de nombreux souterrains qui auraient pu relier Cornou à Château-Landon et le château à Nargis, voire même, à l'abbaye de Ferrières.
Le château de Cornou,
(est une) habitation de plaisance élevée au 15ème siècle sur l'immense plateau qui s'étend d'un côté vers Montargis et Pithiviers, et de l'autre Château-Landon et Beaune.
S'il fallait s'en rapporter à Dom Morin, le château remonterait à l'époque tout au moins de la huitième croisade -la seconde de Saint-Louis- c'est à dire vers 1270. Le gentilhomme dont il parle, ne peut être le constructeur de Cornou, puisque le château, tel que nous le voyons, date de la fin du 15ème siècle; ce n'est qu'un de ses descendants".


"A cette époque, dit Monsieur Viollet-le-Duc (2), les seigneurs paraissent accepter leur nouvelle condition; s'ils bâtissent des châteaux, ce ne sont plus des forteresses qu'ils élèvent, mais des maisons de plaisance, dans lesquelles cependant on trouve comme un dernier reflet de la demeure féodale du Moyen Age. Le roi, lui-même, donne l'exemple; il abandonne les châteaux fermés .

-Cornou est dans toute la force du terme, une maison de plaisance; nulle trace de barbacane (3) ou de meurtrière; pas de tours crénelées, pas de mâchicoulis. Il était entouré de bois qui, peu à peu, ont disparu, et rien ne laisse supposer que des fossés aient jadis existé ".


" Son plan est un carré long, flanqué de quatre tours ABCD aux angles, d'une cinquième E où se trouve l'escalier. Des tours d'angles, les soubassements de trois d'entre elles ABD existent seuls aujourd'hui; elles ont été dérasées au niveau du sol pour en vendre les matériaux, il y a une trentaine d'années environ. Les tours ont 4,60 mètres de diamètre et tous les murs 0,96 mètre d'épaisseur ".

Le bâtiment d'une longueur de 15 mètres est partagé en deux par un mur de refend. Jadis, une seule porte F, celle de la tour de l'escalier, donnait accès à l'intérieur. On pénétrait du palier de l'escalier, à chaque étage par les portes G et H et dans les tours par les portes I. L'escalier est à vis; chaque marche porte un morceau du noyau (4), empiète la précédente et aboutit dans une entaille ménagée dans la cage. La première marche est en K".

 

 

Le Gâtinais renferme un nombre assez considérable de châteaux et quelques forteresses, mais fort peu sont restés dans l'état primitif de leur construction. En général, à mesure que le temps s'écoule, de nombreux changements se produisent, si bien qu'à l'heure actuelle, il y en a fort peu qui comportent tous les styles et toutes les transformations de chaque siècle, jusques et y compris le nôtre. Celui-ci s'est vu amoindrir, mais il n'a pas subi de changement par augmentation, qui lui aurait fait perdre entièrement son caractère primitif; on lui a enlevé trois de ses tours et consolidé les angles par des assises en pierre de taille.

 


(1) Monuments religieux, civils et militaires du Gâtinais depuis le 11ème siècle jusqu'au 17ème. Année 1879.
(2) Architecte et écrivain français (1814-1879). Il restaura un grand nombre de monuments du Moyen Age.
(3)Ouvrage de défense avancé d'une porte ou d'un pont.
(4) Axe de l'escalier.