Une de ses surs était décédée depuis 1652. Son prénom
était ( peut-être) Madeleine.
L'abbé Verdier a publié dans les bulletins de la Société d'Emulation de
Montargis le manuscrit des Ursulines de Montargis. Parmi ceux-ci, figure
le passage au couvent des Ursulines, de Sur Madeleine de Saint François
de Paule, fille de François Thiballier (1).
" Sur la fin de cette année (2), le
dix-sept décembre, la Maison perdit encore un très bon sujet par la mort
de sur Madeleine de Saint-François de Paule, née et batisée
(3) à Nargy en Gâtinois, d'un père de noble
famille, appelé Messire François de Tiballier, seigneur de Toury et d'Angluse,
et de dame Charlotte de Vaulfin, ses père et mère.
Dans les premières années de cette jeune personne, son cur quoyque porté
à la piété, ne laissa pas de s'attacher au monde et d'en être aimée et
recherchée, comme ayant tous les agrémens capable de luy plaire.
Elle avoit bel esprit, une humeur enjouée, une heureuse mémoire, une
conversation agréable et un extérieur qui répondoit à la beauté de son
âme.
Lors, que le monde et le démon s'appliquoient plus fortement à s'aproprier
cette jeune Demoiselle, le céleste Epoux projetoit avec un amour de
jalousie de leur enlever cette proie.
Il inspira icy fortement à une Religieuse de recourir à l'intercession de
Saint-François de Paule pour obtenir de Dieu quelque bon sujet capable de
soutenir la régularité. Ce qui fut fait par cette religieuse et par la
Maîtresse des novices.
Pendant qu'on prioit icy, la divine providence travailloit sur le coeur et
sur l'esprit de notre Demoiselle. Il arriva qu'un de ses amis luy fit
présent d'un Nouveau Testament en françois. Elle le leut, elle le médita,
elle fut touchée, elle en fut si changée qu'elle ne se connoissoit plus
elle-même; à force de confronter la vie du monde avec la morale de
l'Evangile, elle reconnut que l'on ne peut servir à deux Maîtres.
La sentence de ce divin livre qui luy fit plus d'impression fut l'endroit
où Notre Seigneur dit : si vous ne devenez petits comme des enfans, vous
n'entrerez point au Royaume des Cieux.
Cette exclusion du Royaume des Cieux la frappa vivement, forma sa vocation
pour la vie religieuse où l'on peut acquérir cette enfance chrétienne si
nécessaire au Salut. Persuadée qu'il étoit plus dangereux de se livrer au
monde si plain de fourberies, de duplicitez et de mensonge, elle prend son
parti de se faire religieuse pour vivre selon l'Evangile.
Elle auroit exécuté son dessein sur l'heure, n'étoit que Madame sa mère
étant tombée malade, elle demeura pour l'assister et la soliciter.
Pendant ce temps, elle digéroit au-dedans d'elle-même les bons sentimens
qui luy étoient inspirez, et s'abandonnoit à Dieu pour aller où il la
conduiroit.
Madame sa mère étant mieux, la Demoiselle fit un voyage à Montargis, où
elle se divertit comme à l'ordinaire, un peu combatue (?) si elle feroit
son coup d'entrer en Religion sans en avertir personne. La grâce
surmontant la nature, elle s'y résolut et prit son chemin du côté de ce
monastère, sans trop scavoir où elle alloit.
La providence qui la conduisoit permit qu'on ne fit point de difficulté de
luy ouvrir la porte, voyant son air, son cur touché, et l'humilité avec
laquelle elle demandoit cette grâce.
|