La famille de la Châtre, seigneurs de Toury, est une famille berrichonne
du 14ème siècle. Seigneurs de la Châtre, comtes de Nançay,"ces messieurs
de Nancy" (1) comme les appelait Dom Morin,
avaient acheté la seigneurie de Toury à Michel ou Michelet de Beaumont,
seigneur de Toury vers 1460 (2).
Dans le passé, vers 1335, Jean de Rougemont et Mahaut de Paley, sa femme,
avaient cédé à Nicolas Le Cochetier de Corbeval
(3) la seigneurie de Toury, avec les fiefs de Brisebarre, Tiersanville
et Mezinville.
Le premier des "La Châtre", acquéreur de Toury est soit Claude, seigneur
de Nançay et de Bésigny, capitaine des Gardes de Charles, duc de Berry et
de Guyenne, soit son fils Gabriel. Ce dernier, gouverneur des enfants de
François 1er, conserve Toury jusqu'à son décès en 1538.
Sont alors successivement seigneurs de Toury, Joachim en 1541 par héritage
de Gabriel, puis Gaspard qui a 7 ans au décès de son père en 1546, et
enfin à Henry de la Châtre . Il n'est âgé que de 2 ans et demi, au décès
de Gaspard le 29 novembre 1576 (4). C'est sa
mère Gabrielle de Bastarnay qui assure la tutelle du mineur
(5).
Deux d'entre eux exercent les fonctions de Grands Baillis de Gien: Joachim
sieur de Nançay en 1532 et Henry, chevalier, comte de Nançay et du
Bouchaige en 1596.
Ils ont tous deux occupé les places de gouverneurs de la ville de Gien
respectivement en 1532 et 1576.
Joaquim de la Châtre, seigneur de Toury, est capitaine des gardes du corps
du Roi, gouverneur de la ville et duché d'Orléans, maître d'hôtel du Roi,
maître des cérémonies de France, prévôt de l'Ordre de Saint-Michel,
grand-maître enquêteur et général réformateur des Eaux et Forêts en
France, au département d'Orléans (6).
C'est Henry de la Châtre, représenté par sa tutrice, qui vend Toury vers
1580, à Claude Thiballier, baron d'Angluze. Le 20 août 1602, il passe un
contrat d'échange avec ce dernier lui abandonnant les terres et
seigneuries de Ladon et de Bésigny, la métairie du moulin de Toury
moyennant 1000 livres de rente données par Claude Thiballier
(7).
Les armoiries de la famille de la Châtre sont
de gueules à
la croix ancrée de vair.
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(1) Dom Morin citait "l'autre seigneurie se nomme Toury, qui a
appartenu à Messieurs de Nancy, le moulin de la maison s'appelle Nancy".
Il s'agit là encore d'une erreur des copistes de Dom Morin. C'est Nançay.
(2) On trouve en effet, l'aveu d'un fief sis
à Nargis, où Michelet de Beaumont, escuyer est présent le 26 août 1464,"devant
Guiot Sevin, clerc, commis juré, substitut en l'absence de Jehan Quineau,
tabellion juré de l'escripture et dudict sel de la prévôté de
Chasteaulandon". Ce fief relève de Mez le Maréchal.Lors de ces
reconnaissance et affirmation, l'avouant déclare détenir ce fief du "
hault et puissant prince Messire le Duc de Nemours". (Archives
départementales du Loiret - Collection Estournet - 3 J 43 page 374 -
Référence à un document A 1406 détruit ).
(3) Ancien fief situé entre Bougligny et La
Madeleine en Seine-et-Marne.
(4) Gaspard de la Châtre prit une part active
aux crimes de la Saint Barthélemy. "...Au Louvre où sont logés bon
nombre de gentils-hommes, Nançay, le capitaine des gardes du roi, commence
la tuerie..." (Catherine de Médicis par Ivan Cloulas - Edition Fayard
). "Nançay, capitaine des gardes du roi, parcourt le palais avec les
Suisses. Ils massacrent tout ce qu'ils trouvent dans les chambres et dans
les galeries". (Les guerres de religion par Pierre Miquel ).
(5) Extrait de "En quête du passé à Nançay
en Sologne" de Monsieur Claude Beaulande. Imprimerie Jeanne d'Arc à
Gien.
(6) Lors de la convocation du ban et de
l'arrière-ban au bailliage de Sens en 1545, "Joachin de la Chastres,
seigneur de Thoury les Chasteaulandon" a un domaine valant 100 livres
de revenu par an. Taxé à 18 livres, il est "exempt parce qu'il est
capitaine des gardes du Roy". Son épouse était dame Françoise Foucher.
Référence M. Roy - Ban et arrière ban du bailliage de Sens - édition 1885.
Bibliothèque Durzy L 2828.
(7) Armorial de Bonpain . Bibliothèque Durzy.
Référence L 2668. |