L'ÉGLISE de NARGIS


La construction de l'actuelle église Saint-Germain de Nargis, remonte au XVème siècle. "Ce qui existait dans le passé avait connu les pillages de la guerre de Cent ans. Coup sur coup, les Navarrais, les aventuriers du Gallois Griffith et les bandes de Jean des Pipes dévastèrent la rive gauche du Loing. Tout avait été brûlé, pillé jusqu'au dernier grain. Inutile de raconter le reste de la guerre; Nargis avait déjà son compte et pour longtemps (1).

Aux 12ème et 13ème siècles, parmi les églises, prieurés et biens dépendant de l'abbaye de Ferrières, se trouve désignée l'église Saint Germain de Nargis. Parmi les grands fiefs jouissant de tous les droits féodaux Nargis est cité, et, parmi les petits ou simples domaines, Thory, Bas-Thory, Angluse, Champs-pourris ainsi qu'un autre dont le nom aujourd'hui a disparu Puy-Guignard (2).

Le 11 novembre 1103, la bulle papale de Pascal II - Rainier de Bieda - détermine l'étendue des propriétés de l'abbaye de Ferrières. Il n'est point alors question de Nargis. Pourtant, en moins d'un demi-siècle, quatorze nouvelles églises entrent dans le giron de l'abbaye, dont celle qui nous intéresse.

C'était alors l'époque de la grande ferveur monastique. Au milieu de l'anarchie et des désordres qui régnaient en Europe, le clergé séculier avait participé au relâchement universel. Les moines ayant pour la plupart conservé la ferveur de leur institution, donnaient au monde chrétien de grands exemples de régularité et de sainteté.

Voilà pourquoi, ceux qui disposaient, à un titre quelconque des églises bâties au sein des bourgs et des villages, les donnaient aux monastères, pour qu'ils y missent des hommes chargés de développer parmi les populations, avec les vertus religieuses, les habitudes de travail intelligent, d'ordre et de moralité qui font les races saines, fortes et heureuses (3).

Mais l'abbaye de Ferrières ne pouvait pas envoyer des moines dans toutes les paroisses qui lui étaient confiées sans se dépeupler elle-même. Aussi le pape veut-il que son abbé y place des prêtres séculiers, qui, sous sa surveillance et sa responsabilité, exerceront les fonctions curiales.

Sur le produit de leur cure, le monastère leur assignait la part suffisante à leur procurer une honnête subsistance, la "portion congrue". Le reste revenait aux religieux qui l'employaient à l'entretien de l'église et aux dépenses du culte.


(1)  Notes d'histoire locale par Monsieur Paul Gache - Eclaireur du Gâtinais d'octobre 1972.
(2) Ces deux derniers figurent dans la liste des "fiedz du bailliage de Sens assis en la chatellenye de Ferrières" et plus particulièrement "assis en la paroisse de Nargy". Ban et arrière-ban du bailliage de Sens - année 1570.
(3)
Extraits de l'histoire d'une abbaye à travers les siècles par l'abbé Eugène Jarossay - Ferrières en Gâtinais .