LES HOMMES ET LES NOUVEAUX METIERS
Cette rivière navigable, source de profits pour les villages
qu'elle traverse, source de vie, source de malheurs a, grâce à son aménagement, drainé
une population nouvelle vers Nargis.
Elle a permis ainsi l'installation de nouvelles professions,
contrôleurs du canal, éclusiers, manuvres chargés de l'entretien, charpentiers
qui s'ajoutaient aux activités essentiellement locales et rurales des pêcheurs,
aubergistes, haleurs, meuniers vivant depuis fort longtemps de la rivière.
L'arrivée la plus importante fut sans nul doute celle de la compagnie
du régiment de Champagne, suivie des troupes suisses et allemandes. Pendant près de 18
mois ces troupes campant à Nargis et aux alentours, vont animer par leur présence cette
petite bourgade de 113 feux (1). Ils sont là avec leur famille, leurs
enfants. Ce brave curé Bannier, baptise avec ferveur ces nouveaux Nargissiens.
Après leur départ l'administration va appeler des contrôleurs qui
comme leur nom l'indique sont chargés de contrôler l'utilisation du canal. Personnes
étrangères à Nargis, elles occupent des maisons louées par l'administration. Ces
contrôleurs sont affectés aux postes de Nargis, de Toury, du pont de Dordives.
Le curé, "officier de l'état civil", a noté leur présence
dans les registres paroissiaux. Ainsi peut-on dresser une liste presque complète de ses
hommes qui ont le titre de Contrôleur de son Altesse Royale.
Le premier d'entre-eux est Jacques Clurel qui va officier jusqu'en
1724. Son successeur est Jacques Pacoux en 1725: il a 50 ans et décède à Nargis le 30
novembre 1745. Sur l'ensemble des trois postes de travail, on découvre Robert Crosnier en
1726 décédé le 7 juillet 1727, Jean Georges Doderlin de 1738 à 1763, Pierre Georges
son fils de 1764 à 1771, Etienne Moulin de 1764 à 1785, Dupriez à Toury en 1764,
François Antoine Lerch (2) de 1769 à 1788, Louis Savary de 1789 à
1790, Monnay (3) en 1791.
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(1) Environ 500 habitants.
(2) Les enfants Lerch, Antoine et André, serviront la France
dans l'armée d'Italie de Bonaparte. Une correspondance de Charles Isidore Durzy adressée
à son frère aux Armées, François Philippe Durzy en fait mention : "Il y a près
de toi, deux jeunes gens d'ici, qui sont gardes-magasins. Je suis très lié avec
l'aîné. Ce sont les jeunes Lerch qui étoient autrefois à Toury et dont le père
persécuté par M. Bizot est mort de chagrin. Voici l'adresse de l'un d'eux: Lerch
garde-magasin des approvisionnements extraordinaires de l'armée d'Italie au quartier
général à Véronne". (Henri Perruchot - Bulletin SEM n° 54 - décembre 1981)
(3) Il sera maire de Nargis de 1826 à 1830. Avant la
Révolution il signait Monnay de Saint Alban.
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