LA TRACTION
DES BATEAUX
La traction animale, avec ânes, mulets et chevaux était
importante. Mais avant cette forme de traction, somme toute récente, c'est l'homme qui
tire le bateau. Dur labeur, parfois "facilité" par la présence d'une voile sur
le bateau.
Certains passages dans les racles étaient très pénibles et plus
particulièrement lorsque le courant de la rivière était contraire. Le halage humain
était pratiqué au moyen de la "bricole", bande de forte toile qui entourait le
haleur et le reliait au moyen d'une corde au bateau.
La présence de ces rudes travailleurs est attestée par le curé
Guéneau, desservant Nargis qui écrit:
"cejourd'huy huit mars mil sept cent quatre vingt neuf a été
inhumé dans le cimetière de cette paroisse par moi curé soussigné le corps de Jean
Lejeune paroisse de Saint Marceau d'Orléans, mort subitement chés François Labourde
cabaretier chés lequel il était couché, ledit homme est d'Orléans âgé d'environ
soixante ans travaillant le long du canal en qualité d'haleur ou marinier, l'inhumation a
été faite en présence dudit Labourde, de Pierre Fôle, de Joseph Huguenin recteur
d'école et de plusieurs autres personnes qui ont signés où déclarés ne le scavoir
Guéneau curé"
Vers 1915, les ânes remplacent les chevaux indisponibles pour faits de
guerre. Mais les ânes ne marchent pas assez vite et tout de suite après la guerre,
chevaux et mules les remplaceront. Lorsque deux bateaux tirés par des chevaux se
croisaient celui qui n'était pas du côté du chemin de halage s'arrêtait; il laissait
tomber sa corde au fond de l'eau. L'autre bateau glissait alors dessus. Le cheval monté
avait une dague accrochée au collier; elle permettait, en coupant le cordage de trait,
d'éviter d'éventuels accidents qui auraient précipité les chevaux dans le canal.
En 1929, à la suite du raid Citroën, les chenilles font leur
apparition. Ce début de l'ère de la traction mécanique allège les peines mais dégrade
les chemins de halage. On les remplace par des tracteurs à quatre grosses roues à
bandages pleins qui leur assurent une meilleure adhérence aux chemins de halage sans les
détériorer.
Parallèlement à l'arrivée des chenilles, on pose sur les bateaux des
moteurs dits moteur godille dont la principale caractéristique est sa facilité... à se
mettre en panne.
Les bateaux à moteur remplaçant les godilles apparaissent en même
temps que l'arrivée des tracteurs à grosses roues vers 1930-1935.
Tous ces bateaux ont fait travailler les écluses de Nargis ou de
Brisebarre maintes et maintes fois. Elles ont connu des transformations à la fin du
XIXème siècle. Les portes telles qu'on les connaît actuellement, ont remplacé celles
en bois de 1883. Celles de Brisebarre ont été transformées en 1912, celles de l'écluse
de Nargis en 1925 causant un accident, la porte étant tombée sur un ouvrier.
Ces portes en bois s'ouvraient au moyen d'un madrier que l'on poussait.
Par contre près du pont de l'écluse de Nargis où l'on ne pouvait installer le système
de madriers, une quille en bois munie d'un anneau de fer était installée. A l'inverse du
madrier, on tirait la quille pour ouvrir la porte.
Ecluse de Brisebarre
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