LA CONSTRUCTION DU CANAL DU LOING
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Il fallut bien des siècles avant de réaliser et ce,
sans dommage, l'utilisation du beau chemin d'eau (1). Tant de
sinuosités et de dénivellements provoquaient la perte de précieuses cargaisons:
écrasements aux berges, tournoiements des bateaux sur ces trous appelés profonds
(2), sortes d'abîme qui caractérisent le Loing et d'autres petits
cours d'eau comme le Fusain. Très tôt, la rivière a porté l'homme et le bois. On coupa, on assembla, on creusa des éléments de bois pour véhiculer l'homme et les objets, les marchandises nécessaires aux contrées voisines et lointaines. La rivière assura la vie, sa force fit tourner des moulins. Des métiers naquirent près d'elle, scintillante et pure, alerte nourricière de beaux et bons poissons et d'écrevisses très estimées. Radeaux, pontons, toues (3), guidés à la gaffe, la bourde, la godille (4) allaient sur l'onde, mais s'enlisaient ou se disloquaient aux cossons des fascinages (5), se brisaient aux chutes. Pourtant, malgré les difficultés le trafic s'intensifia. Le canal de Briare était ouvert à la circulation depuis 1642 (6).Des bateaux de 15 à 20 mètres de long, avec un tirant d'eau inférieur à 0,75m, et d'une capacité maximum de 50 tonnes étaient construits à Briare, en bois de sapin, et "déchirés" à Paris pour servir de bois de chauffage. Le coche d'eau, propriété de la Compagnie du Canal, partait chaque semaine de Briare et arrivait à Paris, quatre ou cinq jours après. Il devait passer en priorité; venaient ensuite les chargements de poissons, de fruits et primeurs, d'huiles, savons et fromages. Arrivés à Montargis, ces chargements empruntaient les fossés qui ceinturaient la ville, puis les quittaient pour s'aventurer sur le Loing. Avant d'arriver à la Seine, c'était une véritable expédition.
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(1) Histoire du Loing et des mariniers par Madame Edwige Pépin
- Bibliothèque Durzy - Cote L 2434. |