Le voyage était difficile et exigeait des
équipages particulièrement robustes, adroits et expérimentés
(1).Le
lit de la rivière était inégal; on y trouvait des creux et des "assecq". Le
niveau n'était pas constant. Des moulins la jalonnaient et les retenues formaient des
plans d'eau faciles à suivre, suivies brusquement de parties où ne coulaient parfois que
de minces nappes d'eau. Entre les biefs supérieurs et inférieurs ainsi formés, des
embryons d'écluse, étroits chenaux pourvus d'une tête et parfois d'amorces de bajoyers
(2), assuraient la communication. Ils étaient fermés du
côté de l'amont, par des "bouchures" spéciales, qu'il fallait manuvrer
pour les ouvrir. Dès l'ouverture de ces bouchures, l'eau d'amont se précipitait en flot,
entraînant vivement les bateaux amenés à l'entrée du chenal. Cette descente rapide et
dangereuse exigeait des nautoniers (3), sang-froid, adresse,
rapidité pour éviter de fracasser le bateau contre les pans de maçonnerie, les pieux ou
les "cossons", les pierres ou autres obstacles qui encombraient le lit, et où
les bateaux couraient le risque de se blesser. On appelait pertuis, ces chenaux de passage
(4); il y en avait 28 avant d'arriver en Seine.
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Plan du pertuis de la
Retournée
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feuille 11 de la carte particulière du canal de loing
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(1) La marine de Loing par Henri Perruchot - Bibliothèque Durzy - Cote L 2571 (2) Chacun des massifs en maçonnerie qui forme la partie latérale d'une chambre d'écluse. (3) Conducteurs de barques. (4) Voir ci-dessus le plan du pertuis de Retourné - année 1784.Archives départementales du Loiret - Série C. Sup. 261.
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