1700 DÉBUT DES TRAVAUX DE RÉNOVATION DE L'ÉGLISE.

LE CURÉ BANNIER

 


La construction de l'église actuelle Saint Germain de Nargis remonte au XVème siècle, mais malheurs et bonheurs des temps ont amené des transformations importantes. Le cimetière, accolé à l'église, a ses murailles qui menacent de s'écrouler. On fait les premières réparations en 1668.

Le clocher subit une transformation complète en 1699; certainement en très mauvais état, un marché et devis d'ouvrage est passé entre Edme Gilbert, maître charpentier, Etienne Sueur, maître couvreur, tous deux demeurant en la ville de Montargis et les marguilliers Yves Toison et Louis Beauvais le 9 novembre 1698. Anthoine Béranger, clerc demeurant à Nargy assiste le notaire Louis Caillat.

Edme Gilbert a pour charge de démolir le vieux clocher, de façonner le nouveau clocher sur la tour existante, et placer les cloches. La forme du clocher actuel est l'initiative du sieur Gilbert. Dans ce marché, la charge est de " de faire bien et duement toutes les ouvrages qu'il conviendra pour la construction du clocher dudit Nargy et beffroy et des cloches le tout suivant et conformément au dessin quan a fait et dressé le sieur Gilbert". Les marguilliers et les habitants sont tenus de fournir et de voiturer à l'église et dans le cimetière tout le bois que le maître charpentier aura besoin. Une chambre sera fournie à Nargis pour lui et ses compagnons.
Etienne Sueur a pour sa part la charge de "la couverture en ardoise de la cruche dôme en pyramide et la pose de la croix sur léguille dudit clocher". Il fournira ardoise, plomb, clous et "généralement tous les matériaux qu'il conviendra". En outre, il lui est demandé de "relatter et couvrir à neuf le grand porche de la dite église". Tout comme Edme Gilbert, une chambre est mise à sa disposition pour lui et ses compagnons. Là aussi, la paroisse lui fournira "perches et planches pour chaffauder".
Au travers de ces deux devis, une partie du mystère du clocher de style dauphinois est levé. Une partie seulement puisque l'on connaît qui l'a dessiné et conçu. Mais quelles ont été les motivations du charpentier pour décider du style. Est-ce dû à l'initiative du curé ? Est-ce celle toute personnelle du charpentier et dans ce cas pourquoi ? Etait-il originaire du Dauphiné ? Une partie du voile du mystère subsiste et c'est tant mieux. Les Nargissiens continueront à se questionner sur ce sujet.

Un drame vient ternir ces travaux. Le curé de Nargy est Jean Bannier (1). La première "cheville" posée par Messire Petit, seigneur de Cornou a été bénite le 6 avril 1699. Les travaux ont débuté. Edme Gilbert s'est acquitté de sa tâche de charpentier. Trois mois plus tard, le curé retrace dans son registre paroissial:
"Cejourd'huy neuvième jour de juillet mil six cent quatre vinct dix neuf jay curé soussigné donné la sépulture et ce dans l'église de cette paroisse à Maistre Estienne Sueur, maître couvreur et plombier en son vivant demeurant à Montargis estant aagé de cinquante cinq ans et ce en présence de ses enfants Messire Jasque Sueur viquaire à Nemours et Estienne Sueur maître plombier et couvreur demeurant à Montargis qui ont signé avec moy".
Le prieur de Nargy note dans la marge, parlant du défunt: " lequel est mort par accident estant tombé du hault du clocher travaillant à son ouvrage".

Les travaux de charpente s'élèvent à 400 livres. Estienne Sueur avait passé un marché de 270 livres . Il avait déjà "œuvré" dans la paroisse, puisque le 18 février 1677, il s'était engagé à la réparation des cinq tours du château de Cornou.
 


(1) Il était le fils de François Bannier, receveur général de la terre de l'abbaye de Ferrières. Son frère François était notaire royal garde notes au bailliage de Montargis, résidant à Ferrières.