Alors Sollon reparaît avec la copie d'enquête menée en 1698 et le plan comportant les 25 écluses. Le Régent s'en mêle et charge J.B. de Règemortes, ingénieur architecte du Roy, d'établir le plan du canal du Loing.
    En perches, toises, pieds, tout est calculé, noté, respecté, pour le lit, les bas-côtés, les talus, les levées. On exproprie les propriétaires des prés, terres, aulnoies et broussailles (1), les dames bénédictines de Montargis, les religieux de Ferrières, l'église de Nargis, la dame de Cornou, les Lefebvre, Mathurin Poincet, Antoine Delorme, Jean Masson, François Fafa, Jean Prochasson, Etienne Leroy, et bien d'autres.
    Partout on creuse, on réforme, on élargit, on reconstruit. Aux écluses à sas on apporte le plus grand soin.

    En 1720, les bateaux passent librement jusqu'à Bûges. Six bataillons d'infanterie sont à l'ouvrage. Du 6 juillet 1720 au 1er mars 1722 des détachements importants du régiment de Champagne sont employés au terrassement nécessaire au canal.(2)
   
    L'Etat-major s'est établi au château de Montargis. René François de Froullay, chevalier de Tessé, Commandeur de l'Ordre de Malte, brigadier des armées du Roy, Colonel des troupes de sa Majesté y a établi son poste de commandement.
   
    Lors des travaux à Nargis, il s'installe au château de Toury, propriété de Michel Dagan, seigneur de Toury. Une partie de son état-major est à Fay, à Bagneaux. Monsieur de Cosse est à Toury, son lieutenant est au Martroy, le prince de Champagne à Nargis.
   
    Ces travaux amènent grande agitation dans toute la contrée. En août 1720, Jean Bannier, curé de Nargy (3), note en marge d'un acte de baptême: " Le régiment de Champagne a campé à Nargy, proche chez Besnal pour l'édification du nouveau canal".
   
    La présence de ces soldats est signalée dans les registres paroissiaux de l'époque. Ainsi, le 20 mai 1720, le curé de Nargy baptise le fils d'un soldat du régiment de Champagne. Le 4 septembre 1720 et 7 juillet 1721 sont baptisés les enfants des soldats La Loche et Coursol. Les 18 et 29 août 1720, il enterre Sébastien Gillet et Jean Moroy tous deux enfants de soldats du régiment.

    Victimes de contagion qu'ils ont subie à cause de l'insalubrité des travaux auxquels ils étaient employés, 107 soldats meurent. A Nargy sont enterrés Martin Bertran le 4 septembre 1720, Duchene le 4 octobre de la même année. D'autres décès suivent les 24 juillet, 6 et 15 septembre 1721.

    Au régiment de Champagne succèdent des recrues suisses puis d'autres, allemandes(4).

 

(1) Archives départementales du Loiret . Fonds du service des canaux - Références C sup. 261 à 307 .

(2) Fonds Perruchot - Bibliothèque Durzy

(3) L'orthographe moderne de Nargis apparaît en 1726 avec le curé Logette.

(4) Madeleine Fouché - "Trois siècles au service des Postes".