Les reliques de saint Pipe sont actuellement conservées
dans une châsse de bois doré du 18e siècle. On sait par l'acte de 1462
conservé dans cette châsse qu'au 15e siècle, avant l'incendie de l'église
par les Anglais, le chef du saint se trouvait dans un reliquaire en forme
de tête et le reste des reliques dans une châsse de bois peinte de
diverses couleurs.
Depuis l'incendie, les reliques ont été vénérées sans interruption. Il est
assez facile de faire l'historique des deux châsses du 15e siècle à nos
jours
|
D'après l'acte de 1462, les reliques de saint Pipe
furent retrouvées après l'incendie bien que la châsse en bois en laquelle
elles reposaient fut presque réduite en cendres.
Ces reliques furent provisoirement déposées à Boiscommun puis revinrent à
Beaune certainement assez rapidement (1).
Aucune des pièces qui nous ont été conservées ne donne la date exacte de
cette translation du XVe siècle. Eut-elle lieu comme on l'affirme
généralement le 4 juin 1462 ou selon d'autres le 4 juin 1426
(2). C'est possible, mais l'acte qui est
conservé dans la châsse n'est pas un procès-verbal de translation. Il se
rapporte seulement à une visite que fit l'archevêque Louis de Melun le 6
novembre 1462. Louis de Melun en 1426 était archidiacre
(3). Il aurait pu à ce titre procéder à la
translation des reliques ce qui laisserait supposer que l'incendie de
Beaune eut lieu avant le 4 juin 1426. Nous ne pouvons avoir sur ces points
aucune certitude.
Le 2 juillet 1515, l'évêque Jean de Médina, vicaire général de
l'archevêque de Sens, Tristan de Salazar, venu à Beaune rétablir le
cimetière paroissial, "naguère souillé par une effusion de sang", comme le
dit l'acte de 1515 sans donner davantage de détails sur cet évènement,
procéda par la même occasion à la translation des reliques d'une châsse de
bois dans une autre châsse également en bois peinte de diverses couleurs
"de certa lignea capsula in aliam capsulam ligneam variis coloribus
depictam..." C'est très probablement cette nouvelle chasse que
mentionnèrent tous les témoins de 1554, par exemple Jérôme Henry de Beaune
"Hierosme Henry a disct quil sçait que en la ville de Beaulne il y a
une devotieuse église et décorée de plusieurs beaulx relicaires entre
aultres une châsse de Monsieur Sainct Pipe qui est fort révérée..."
En 1724, le curé doyen rural du Gâtinais, les vicaires, bailly, receveur,
marguilliers, officiers de justice, syndic, échevins, bourgeois et
habitants de la ville de Beaune adressaient à l'archevêque de Sens une
supplique, pour demander la permission de transférer les reliques dans une
nouvelle châsse "attendu la vétusté de l'ancienne qui est tellement
vermoulue et en désordre étant à moitié brisée que lesdites reliques ne
s'y peuvent conserver avec la décence requise et sans risque de les
perdre".
Cette supplique se trouve dans la châsse. Elle porte de nombreuses
signatures. L'acte donnant à l'abbé Pitan, curé de Beaune, l'autorisation
de l'archevêque de faire la translation nous a été également conservé. Il
a été signé au château de Beaumont le 28 septembre 1724. La translation ne
fut finalement faite que le 17 mai 1726 par l'archevêque de Sens,
Monseigneur Denis François Bouthillier de Chavigny, à l'occasion de la
visite des églises de son diocèse (procès-verbal conservé dans la châsse).
Une note dans les registres paroissiaux signale qu'après la cérémonie, il
y eut au presbytère , un dîner de soixante-cinq personnes auquel
assistèrent le prince et la princesse de Tingry. A l'issue de ce dîner,
l'évêque de Waterford, en Irlande, qui accompagnait l'archevêque de Sens,
bénit une nouvelle cloche.
La châsse actuelle est celle de 1726. Son couvercle porte en effet
l'inscription suivante: "J'ai été faite à la diligence de Jean Ronceray,
Pierre Vilemard, Pierre Ronflard et Jean Lecombe tous marguilliers. L'an
1726. J'ai coûté 319 L. Réparée par Lebrun, doreur à Orléans en 1864". Il
sera revenu plus loin sur son contenu.
|
(1) Note personnelle ne figurant pas dans l'ouvrage de M. Marc
Verdier. Georges Cosson dans livre sur l'histoire de Boiscommun écrit
"Saint Pipe était vénéré à l'église de Beaune jusqu'à l'incendie de ladite
église en 1429 par les Anglais. Les reliques, sauvées par miracle des
décombres et transférées à Notre-Dame de Boiscommun, attirèrent un afflux
de pèlerins considérable; plus de 10 000 dit la chronique à chaque
pèlerinage. Cela fit la fortune de Guillaume Boucher dit Testenoire, le
chapelain de Boiscommun, et en même temps des habitants (hôteliers en
particulier). Par contre, en 1450, Maurice de Fauquembergues, curé de
Beaune, meurt dans la misère, sans même un lit, n'ayant que son bréviaire
comme fortune, précise le doyen du Gâtinais. C'est pourquoi Boiscommun ne
rendit les reliques à Beaune que contraint et forcé ; la poule aux oeufs
d'or étant partie, il s'ensuivit une querelle de clochers qui dura cinq
siècles". Voir le site
Boiscommun et
l'excellent travail de recherches de Monsieur Georges Cosson.
(2) La date du 4 juin 1426 se trouve
notamment dans un office imprimé en 1786 conservé au presbytère de Beaune.
Les Bollandistes indiquent 1462. La fête de la Translation était fixée au
4 juin. Il est possible que la date de 1426 ne résulte que d'une
intervention de chiffres.
(3) Lettre manuscrite de M. l'abbé Léviste,
archiviste de l'archevêché de Sens en date du 26 novembre 1963. |