Le second enfant de Louis de Gannes et de Marguerite
Leneuf est Michel de Gannes. Né vers 1702 (1); il embrassera une carrière
militaire dans laquelle il est connu sous le nom de chevalier de Gannes.
Enseigne au Canada depuis le 13 mai 1719, il fut nommé lieutenant à l‘Ile
Royale le 29 mai 1725 en remplacement du sieur Pachot. Mais il ne paraît
pas s’être empressé de prendre son poste, car le ministre écrit, le 22
avril 1727, qu’il ne peut permettre au chevalier de Gannes, nommé
lieutenant de l’Ile Royale, de rester au Canada.
Le 8 mai 1730, il est nommé capitaine.
Sa carrière militaire nous révèle peu de faits retentissants. En 1726, il
est posté à Port-Toulouse et il revient à Louisbourg peu après. La routine
de la garnison n’est interrompue que par un voyage en France en 1730, où
il est chargé de recruter des soldats pour l’île Royale.
Quelques années plus tard, il va jouer un rôle peu glorieux lors de
l’attaque projetée par le gouverneur Jean-Baptiste Le Prévost-Duquesnel
contre les possessions anglaises en Acadie en 1744. Désireux de porter un
grand coup aux Anglais, Duquesnel avait envoyé en mai 1744 le capitaine
Joseph du Pont Duvivier, secondé de quelques vaisseaux du roi, qui
s’empara de Canso et parvint en septembre jusqu’aux environs de
Port-Royal. Au début du siège, Duquesnel avait obtenu du commandant
anglais Paul Mascarene, une promesse de capitulation dès l’arrivée des
navires du roi. C’est alors que le 2 octobre, le chevalier de Gannes fut
envoyé pour relever Duvivier. Deux jours plus tard les vaisseaux
n’apparaissent toujours pas. Considérant que la saison était trop avancée,
le manque de vivres, l’impatience des Indiens à retourner auprès de leurs
familles, qu’il n’y avait guère d’espoir de prendre Port-Royal et surtout
qu’il ne fallait pas compter sur le concours des Acadiens, Michel de
Gannes ordonna à Duvivier de lever le siège et reprit avec ses troupes le
chemin de Louisbourg. Le 10 octobre il est aux Mines dans la région de
Grand-Pré, puis à Beaubassin le 19. Le chevalier de Gannes fut sévèrement
pris à partie par Duvivier et par Louis du Pont Duchambon qui assume le
commandement de l’île Royal depuis le décès de Duquesnel, à l’occasion de
cette retraite précipitée.
En passant à Port-Toulouse de Gannes apprend que Claude Elisabeth Denys de
Bonnaventure a quitté Louisbourg pour Port-Royal où il arrive dans la nuit
du 25 au 26, avec 50 soldats à bord d’un navire marchand et d’un brigantin
corsaire. Sans communiquer avec de Gannes qu’il croit toujours aux Mines,
Bonnaventure reprend la route de Louisbourg trois jours plus tard.
Quoique de Gannes n’ait pas reçu l’ordre d’attaquer Port-Royal, on le
blâme de n’avoir pas attendu les vaisseaux français plus longtemps et de
n’avoir pas tenté d’assaut. Au cours de deux assemblées d’officiers pour
faire une enquête sur l’attitude des divers responsables de l’expédition,
il ne peut justifier sa conduite et, le 19 novembre, il avoue son erreur
au commissaire ordonnateur François Bigot mais insiste sur ses bonnes
intentions. Il écrivit plusieurs mémoires pour se défendre(2) contre
certaines versions des faits.
Son courage lors du siège de Louisbourg en 1745, réussit cependant à
dissiper ce jugement défavorable de la part de ses supérieurs. Lors du
débarquement des milices coloniales anglaises, il est posté à la pièce de
la Grave, à l’intérieur de la forteresse, puis il relève Charles Joseph d’Ailleboust
à la batterie de l’îlot qui commande l’accès au port. Le 27 juin, c’est de
mauvaise grâce qu’il doit remettre l’île aux colons anglais, ne comprenant
pas pourquoi on a livré la forteresse. Il s’occupe alors du transfert des
habitants sous les ordres de d’Ailleboust et s’embarque sur un des
derniers navires à quitter le port.
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