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    Il pouvait dès lors arriver qu'en cas de sécheresse persistante, le débit paraisse insuffisant au meunier de Toury. Il ouvrait alors une vanne placée 1060 mètres plus en aval que prévu et juste à hauteur de l'ouverture du pertuis de Toury.   


    L'administration résolut de fermer les yeux et toléra les agissements du meunier.
En période d'eaux rares, certains bateaux ne parvenaient à parcourir le bief que trop lentement, franchissant péniblement le pont de Toury, et menaçaient de toucher le fond à certains endroits.

    Après 1874, une convention orale, entre un représentant de l'état dont le nom est ignoré et le propriétaire du moulin d'alors (Mr Lemesle ou Mr Labitte )(1) légitima les agissements du meunier et le garantit de tout ennui.

    Quelle que fut cette convention, le fait est constant ; le meunier de Nançay, lorsqu'il a besoin d'eau, lève au su de chacun la vanne d'évacuation du bief de Néronville. Jamais il n'a été verbalisé contre lui, quel qu'il fût. Ce qui semble confirmer que la tolérance effective dont il bénéficiait, émanait non des éclusiers voisins, ni des cantonniers, ni des gardes de navigation, qui, durant le même temps se sont succédés, et dont il serait odieux de supposer que ces agents subalternes se sont tous concertés dans une même attitude de complicité, mais d'une autorité supérieure à eux, qui leur avait demandé ou conseillé d'observer une telle modération. Comme il ne serait pas moins odieux d'imaginer qu'une telle tolérance ait été obtenue des Conducteurs ou des Ingénieurs, en considération de l'intérêt personnel ou particulier de ces derniers, ou par l'effet d'une sorte de compromis, c'est parce qu'il leur est apparu qu'il constituait, encore qu'il ne fût pas, de toute évidence conforme aux règles habituelles de l'administration, le moyen le plus pertinent, le plus sûr ou le moins onéreux de sauvegarder les intérêts de l'état dont ils avaient la charge.
   
    Les ingénieurs qui, depuis 1874 jusqu'en 1910, eurent la charge du service, furent absorbés par une telle masse de travaux importants, qu'une question contentieuse, de si médiocre importance en définitive, ne pouvait retenir leur attention encore moins l'attirer, alors que personne ne la leur signalait.

    Ils se suivaient à une telle cadence qu'ils n'eurent pas le temps de s'appesantir sur des objets si peu attrayants, surtout que malgré la vanne de Toury, dont la plupart ignoraient même l'existence, la navigation continuait tout de même sur le canal du Loing, dans des conditions fort convenables et acceptables.

 

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(1) Le propriétaire était en fait Monsieur Louis Labitte; le démembrement de la propriété de Monsieur Jean Thomas Lemesle avait commencé quelques dix années auparavant.